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Discussion:Chés Cabotans d'Anmien

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Référinches

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Histoire de la ville d'Amiens vol. III - Amiens au XIXe siècle (1906) Histoire de la ville d'Amiens pèr Calonne d'Avesne, vicomte de Albéric, (1843-1915), éd. Piteux et Picard , Amiens ; Paris

Chapitre VI
AMIENS A L'ÉPOQUE DE LA RESTAURATION. page 130

Comme les gens « de la haute », cette population a ses théâtres, salles basses, mal éclairées, plus mal aérées, magasins ou dessous de portes aménagés pour les représentations toujours très suivies des « cabotins » .

Aux « cabotins » on joue surtout des « bouffondries », farces improvisées sur un canevas traditionnel assez restreint, mais développées suivant l’inspiration spontanée de ceux qui font mouvoir les ficelles.,. La « bouffondrie » prend à certains jours l’allure et l’ampleur d’une revue locale autour de laquelle viennent se grouper les critiques,

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les potins et les vœux de la population ouvrière. Le meneur du jeu, cabotin de plus haute taille que les autres, c’est Lafleur ! (1) type de comédie essentiellement amiénois, créé sous la Restauration. Lafleur est jeune, fortement charpenté; il a le visage plein, le teint coloré, la bouche rieuse, la physionomie ouverte. il porte imperturbablement le costume du XVIIIe siècle : perruque à longue queue retroussée, chapeau à claque bordé de rouge, habit à la française, jabot, gilet fond blanc à grands ramages, bas blancs et larges souliers ferrés. Voilà pour le physique.

Beau parleur, grand buveur, toujours gai, Lafleur a le mot vif, le tour naturellement goguenard ; il est l’expression de la satire populaire. Inutile de dire qu’il parle picard et exclusivement picard. 11 est prompt à la verte réplique et plus prompt encore au geste décisif du bras ou de la jambe armée d’une redoutable chaussure, contre tous, surtout contre les gendarmes, les « cadoreux », qu’il frappe sans merci, qu’il culbute et qu’il met en fuite, car c’est ainsi que les comédies finissent invariablement. Lafleur est l’acteur prin- cipal dans toutes les œuvres du répertoire que les Dumortier, les Clabaut, les Zacharie et autres joueurs se sont transmis jusqu’à nos jours. Si l’affiche porte l’adaptation d’une vraie pièce représentée au vrai théâtre, opéra ou sombre mélodrame, et que Lafleur ne tienne pas le premier rôle, il traversera l’intrigue à chaque acte et mêlera des saillies d’esprit aux plus solennelles répliques.

Il n’est pas de vieil Amiénois qui ne se souvienne de la Plumette , rue de la Plumette, et des Grandes galères, rue Haute-des-Tanneurs, les deux plus importants théâtres de cabotins.

1. H. Daussy. Le patois picard et Lafleur. Mémoires de l' Académie, 3 e série. T. III, p. 271. — E. David. Étude picarde sur Lafleur, lue à la séance des Rosati picards, en novembre 1895. Amiens. Impr. Jeunet, 1896.